mercredi, mai 18, 2005

Feel The Force ... ...One Last time

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Vingt-huit ans d'attente. C'est d'abord cette fin-là que marque La revanche des Sith, l'ultime épisode de la saga Star Wars. Vingt-huit longues années avant de voir enfin à l'écran la transformation d'Anakin Skywalker, chevalier Jedi, en Darth Vader, Seigneur du Mal. Moment d'histoire non pas cinématographique, mais sociétal, presque religieux.

Aujourdhui, mercredi 18 mai 2005, des millions d'êtres humains à travers la planète convergeront dans les salles de cinéma pour voir le même film, boucler la même boucle, à travers la même séquence. L'événement, par son ampleur et l'émotion qu'il suscite, devient cérémonie profane, ultralibérale et globalisée.

Effrayant? Sans doute. Au fil du temps et des succès, Star Wars n'est-il pas devenu le symbole de cet impérialisme américain que la saga entendait justement dénoncer? Le produit de la génération hippie s'est aujourd'hui transformé en redoutable machine à mondialiser.

Les fans du monde entier s'échangent des infos sur le Net, les films bénéficient de sorties internationales programmées à une même date, le petit robot R2-D2 a été sacré icône pop planétaire. L'utopie seventies, pas de frontières à l'amour, a tourné court. Les corps se heurtent toujours aux barrières nationales, mais le fric circule partout.

George Lucas en Darth Vedor

Sur le fond, le discours n'a pourtant pas changé. «Lorsque j'écrivais le scénario du premier Star Wars, mon pays était traumatisé par la guerre du Vietnam; je suis troublé de constater que ce dernier volet sort en pleine guerre d'Irak. Nous refaisons les mêmes erreurs», dira George Lucas durant la conférence de presse de La revanche des Sith, ce dimanche à Cannes.

L'analogie entre le créateur de la série et Darth Vedor, qui en voulant faire le bien succombe au «côté obscur de la force», traverse d'ailleurs le film de bout en bout. Au départ, George Lucas voulait faire du cinéma expérimental. Trente ans plus tard, il dirige un immense empire, dont les sociétés Lucasart (jeux vidéos), Lucas Film (production) et ILM (effets numériques) ne constituent qu'une partie des activités.

Le réalisateur-producteur contrôle tout. Tout le monde. Tout le temps. Il est devenu un monstre. La grande scène de La revanche des Sith, la métamorphose Anakin Skywalker/Darth Vedor, n'en devient que plus tragique. George Lucas raconte ici sa propre histoire. C'est celle de Frankenstein, créature à laquelle il fera explicitement référence au paroxysme de cet épisode III.

Pas de suite

Entièrement conçu autour de cette seule idée, le film prend une teinte sombre, presque dépressive. Le Sénat Intergalactique se transforme en Empire. Les chevaliers Jedi se font massacrer. Le côté obscur de la force triomphe. Malgré quelques faiblesses, l'ensemble surprend par sa qualité. Le réalisateur retrouve même de l'audace.

On ne pensait pas qu'il oserait replacer une phrase de George W. Bush dans un discours guerrier du terrifiant Dark Sidious, corrupteur d'Anakin Skywalker et mentor de Darth Vedor. Il ose. On se disait qu'il éviterait de montrer frontalement la violence du combat entre Obi-Wan Kenobi et Darth Vedor. Il montre.

Cette décision courageuse a déclenché la réaction immédiate des censeurs: La revanche des Sith a été interdit aux moins de 13 ans sur le territoire américain.«Désormais, je vais me consacrer à la réalisation de films alternatifs et expérimentaux en numérique.» Le réalisateur ne s'en cache pas: il est soulagé d'en avoir fini avec R2-D2, les Skywalker et Yoda. Contrairement aux rumeurs, «il n'y aura pas d'épisodes supplémentaires».
On le sentait depuis longtemps. Sortis respectivement en 1999 et 2002, les épisodes I et II avaient choqué par leur caractère excessivement virtuel. Les intrigues paraissaient bâclées, les nouveaux personnages - souvent entièrement conçus en images de synthèse - agaçaient. Fatigué par sa propre création, Lucas en avait fait le laboratoire de ses expérimentations techniques.
Aujourd'hui que la page est tournée, il peut enfin s'inventer un nouvel avenir, plus conforme à ses intentions de jeunesse. «Je rêve d'un cinéma sans histoire, uniquement fait de formes, de couleurs et de sons.» Conclusion poétique que n'aurait pas reniée un scénariste hollywoodien. La mort de Star Wars est un véritable happy end...

1 commentaire:

Super Peter a dit…

Merci, votre texte est super interessant, surtout le lien entre notre epoque et la saga de la Guerre des Etoiles... Peter www.sexybrain.blogspot.com